Des kilobits pour réduire les kilomètres
Cet article s’inscrit dans le dossier « Transport et mobilité durables ».
Quelle est l’importance du rôle des technologies numériques dans le transport durable ? La question se pose, puisqu’on les place souvent parmi les solutions les plus prometteuses pour régler bien des problèmes modernes. S’il est vrai que les technologies numériques favorisant le transport durable sont nombreuses et évoluent à la vitesse grand V, il semble toutefois qu’elles ne soient qu’une partie de la solution.
« La perception selon laquelle tout ce qui est numérique et technologique va nous sauver ne correspond pas à la réalité, affirme Francesco Ciari, professeur à Polytechnique Montréal. Si la technologie facilite les choses, elle ne peut changer à elle seule les mentalités. Il doit y avoir des gens qui accepteront de changer leurs habitudes. La technologie est certes aidante, mais elle ne peut pas tout résoudre ; les humains, à travers leurs comportements, ont un bien plus grand rôle à jouer ! »
Francesco Ciari est catégorique : au-delà de l’argument de la conscience environnementale, à laquelle adhère la majorité, il faut offrir aux gens des solutions réellement intéressantes et fiables qui répondent bien à leurs besoins, qui leur feront gagner du temps et de l’efficacité. Sans cette prémisse, les efforts seront vains.
De belles solutions… à intégrer
Malgré une augmentation significative de l’offre de solutions de remplacement, les services de transport de personnes restent encore au Québec une expérience décousue qui manque d’efficacité, de fluidité. L’efficacité de l’offre de mobilité durable doit invariablement passer d’un environnement de systèmes fragmentés à un environnement de gestion totalement intégrée. « Pour réussir le virage de la mobilité durable, il faut réussir à faire vivre aux usagers et usagères des expériences fluides, bien intégrées en continu, précise Francesco Ciari. C’est pourquoi il faut tenir compte de leurs besoins. »
Les innovations numériques et l’intelligence artificielle viennent évidemment en renfort dans ce virage nécessaire. Des solutions inventives ont vu le jour, lesquelles facilitent les déplacements et favorisent la réduction de l’empreinte carbone. « La cartographie en ligne (comme l’application Google Maps), par exemple, permet d’optimiser le temps de déplacement et, par conséquent, de réduire l’émission de gaz à effet de serre, note Francesco Ciari. Les applications de planification de déplacements et d’achat de billets en ligne pour les transports en commun ont aussi contribué à accroître l’utilisation des autobus et du métro. »
Il existe aujourd’hui de nombreuses technologies qui transforment les données opérationnelles brutes en informations très utiles et prédictives, tant pour les opérateurs et opératrices que pour les utilisateurs et les utilisatrices. L’analyse de données, la connectivité et la cybersécurité favorisent incontestablement le développement du transport durable, dans une volonté d’offrir une expérience fiable, accessible, efficace et abordable. Qui plus est, elles agissent également sur les actions de maintenance des équipements, ce qui aide à réduire les pannes, les défaillances et les bris.
« Toute technologie qui peut servir à diminuer le nombre de déplacements est une occasion de plus d’atteindre nos objectifs, indique le professeur Ciari. On n’a qu’à penser à tous les efforts faits pour s’adapter aux conséquences de la pandémie de COVID-19, en tout premier lieu la mise au point de systèmes permettant le télétravail efficace. Ce sont autant de gains en faveur du transport durable. Bien qu’il ne s’agisse pas de technologies propres au transport, elles ont eu des répercussions importantes sur sa saine gestion. »
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