Martine Comtois-Parr : la vulgarisatrice des métaux

Professeure au Cégep de Trois-Rivières, Martine Comtois-Parr transforme l'image de la métallurgie et promeut la fabrication additive durable.

 


Cet article s’inscrit dans la collection « VOIR GRAND ».
Par Pascale Guéricolas, journaliste


Martine Comtois-Parr, ing., se sent exactement à sa place. Elle enseigne au Département de technologie du génie métallurgique du cégep de Trois-Rivières, à l’endroit même où elle a retrouvé le goût des études.

Petit retour en arrière. Lorsqu’elle termine son secondaire, la jeune fille de Bécancour se sent plutôt démotivée quant aux études. Elle choisit donc une formation technique pour travailler trois ans plus tard dans le domaine de la métallurgie. Sauf qu’au cours de ses études, sa curiosité pour les métaux s’éveille. Même une fois son diplôme en main, l’envie d’en apprendre davantage, de mieux analyser et de comprendre cette matière observée sous toutes ses formes dans les laboratoires du cégep la pousse à aller plus loin.

« La métallurgie n’a pas une bonne image actuellement, car on l’associe à la pollution, constate l’enseignante. Pourtant, je suis persuadée que la qualité des matières métalliques et les modes de production innovants font partie de la solution pour l’émergence de technologies vertes. »

Martine Comtois-Parr, ing. – Professeure-chercheuse au département de technologie du génie métallurgique du cégep de Trois-Rivières

 

La voilà prête à encaisser le choc d’un déménagement dans la métropole et à se remettre à niveau en mathématiques pour s’inscrire en génie des matériaux à Polytechnique Montréal. Cinq ans plus tard, la jeune diplômée, qui passe ses étés à travailler dans différentes usines de Bécancour, comme Norsk Hydro – où l’on produisait du magnésium –, ou à aluminerie, sent l’appel de l’enseignement et de sa région natale.

« Durant mes études, j’aimais expliquer aux autres ce que j’avais compris de la matière ; le cégep a toujours été pour moi une possibilité de carrière », raconte la professeure-chercheuse. D’abord embauchée à la formation continue dans l’établissement de Trois-Rivières, la jeune enseignante entre ensuite au Département de technologie du génie métallurgique.

À ses yeux, son parcours constitue une combinaison gagnante. Comme professeure, elle maîtrise aussi bien le volet technique, acquis en usine et dans les laboratoires très bien équipés du cégep, que les connaissances plus théoriques sur les phénomènes observés à Polytechnique Montréal. Sans oublier le volet gestion de projets comme ingénieure, qui lui permet d’organiser son temps et les documents d’une façon très efficace.

 

La fabrication additive en pleine émergence

Consciente de l’importance de toujours continuer à se former, Martine Comtois-Parr saisit les occasions de collaboration avec le Centre de métallurgie du Québec, un des centres collégiaux de transfert technologique du cégep de Trois-Rivières. Là, elle se familiarise notamment avec la fabrication additive de métaux, un domaine en pleine émergence. « La métallurgie n’a pas une bonne image actuellement, car on l’associe à la pollution, constate l’enseignante. Pourtant, je suis persuadée que la qualité des matières métalliques et les modes de production innovants font partie de la solution pour l’émergence de technologies vertes. »

La démarche scientifique avant tout

« Grâce à la recherche, je fais prendre conscience aux étudiantes et aux étudiants de l’importance d’une démarche structurée et des conclusions à tirer même si le processus ne fonctionne pas », souligne Martine Comtois-Parr. Soucieuse de mettre en avant la recherche, elle a d’ailleurs mis au point un parcours scientifique pour les élèves du cégep. Cela les aide à se familiariser avec les travaux menés dans cet établissement, mais également dans les organismes qui regroupent les chercheuses et les chercheurs.

Toujours membre de l’Ordre des ingénieurs du Québec, Martine Comtois-Parr constate que ses acquis d’ingénieure lui servent fréquemment. Elle en a fait l’expérience durant son mandat comme coordonnatrice du Département de technologie du génie métallurgique pendant trois ans. Demande de budget, commande d’équipement, constitution de comités, vérification des achats, bilans d’activités, son quotidien ressemblait à s’y méprendre à de la gestion de projets.

Et l’avenir ? Après 16 années d’enseignement, la professeure continue à explorer la métallurgie en quête de nouveautés. Son nouveau défi : se former en soudage auprès de spécialistes, en gardant à l’esprit qu’elle pourrait retourner en entreprise un jour, pour mieux se coller à la réalité du terrain dans ses cours futurs.

 

 

La fabrication additive en métallurgie au Québec

Le Québec se positionne comme un acteur majeur de la fabrication additive dans le domaine de la métallurgie. Parmi les produits phares de cette technologie, on retrouve les poudres métalliques, les pièces complexes en métal et les nouveaux alliages métalliques.

Poudres métalliques : les secteurs aéronautique, médical et de l’automobile sont les principaux utilisateurs de poudres métalliques pour l’impression 3D. Au Québec, deux entreprises majeures se distinguent dans ce domaine : AP&C et Tekna, qui figurent parmi les plus grands fabricants mondiaux de poudres métalliques pour impression 3D.

Pièces complexes en métal : les secteurs aéronautique, médical et automobile tirent un grand bénéfice des pièces complexes fabriquées grâce à la fabrication additive. En orthopédie, par exemple, cette technologie permet la création de pièces personnalisées pour la fabrication d’implants et de prothèses sur mesure.

Nouveaux alliages métalliques : le Centre de métallurgie du Québec joue un rôle central dans le développement de nouveaux alliages adaptés à la fabrication additive. Ces innovations permettent aux entreprises québécoises de renforcer leur compétitivité en réduisant les coûts et les délais de production.

 

Lire la revue PLAN de l’Automne 2024

Voir aussi