Gérer la qualité et la sécurité

Parmi les bonnes pratiques en génie, la surveillance des travaux de construction fait l’unanimité.

Cet article s’inscrit dans la collection « PRATIQUE EXEMPLAIRE ».
Par Mélanie Larouche, journaliste


Non seulement permet- elle de réduire considérablement la marge d’erreur et d’assurer le contrôle de la qualité de l’ouvrage réalisé, mais elle favorise également la sécurité de toutes et de de tous ainsi que la durabilité du projet dans son ensemble.

Le Québec est le seul endroit au pays où la surveillance des travaux n’est pas encore obligatoire sur les chantiers. De ce fait, l’Ordre des ingénieurs du Québec, appuyé par d’autres instances du milieu de la construction, milite pour que le gouvernement remédie à cette situation. « La surveillance permet de s’assurer que les travaux de construction sont exécutés selon les plans et devis et les normes applicables, explique Christian Renault, ing., conseiller sénior à la surveillance de l’exercice et inspecteur. Ce suivi sert aussi à vérifier que les modifications apportées en cours de route respectent les exigences du projet. »

Christian Renault maîtrise les bonnes pratiques en lien avec la surveillance des travaux. « Le mandat de surveillance confié à une ingénieure ou à un ingénieur est très important puisqu’il vise également à prévenir les problèmes. Les ingénieures et les ingénieurs qui surveillent des travaux ont donc besoin d’un mandat clair, précis et complet qui correspond bien aux besoins du client. Quand on prépare un mandat de surveillance, il faut prendre en compte aussi bien les aspects techniques que ce qui se rapporte à l’administration du projet. On doit en outre bien prévoir la fréquence des visites de chantier et des points de contrôle en fonction de la complexité du projet et des éléments critiques qui auront été ciblés dès le départ. On pourra alors établir un budget adéquat pour les honoraires de la personne chargée de surveiller les travaux. »

L’ingénieur Patrick Dalpé, lui aussi conseiller sénior à la surveillance de l’exercice et inspecteur, travaille pour sa part du côté des ponts. Il abonde dans le même sens que son collègue Christian Renault. « La définition du mandat est primordiale, insiste-t-il. Souvent, le donneur d’ouvrage veut un projet bien construit, mais ne comprend pas bien l’importance du mandat de surveillance ; il ne réalise pas que cette étape clé permet d’identifier les éléments critiques du projet et d’exposer les risques pour mieux les gérer. Ainsi, la surveillante ou le surveillant doit bien conseiller son client et aussi prévoir la composition de l’équipe qui pourrait devoir intervenir, selon les besoins. Il lui faudra gérer ces ressources, encadrer leur travail. Ça représente un beau défi. L’aspect financier et celui de la conformité doivent bien se conjuguer. »

 

 

Christian Renault, ing.

Conseiller sénior à la surveillance de l’exercice et inspecteur

« La surveillance permet de s’assurer que les travaux de construction sont exécutés selon les plans et devis et les normes applicables. Ce suivi sert aussi à vérifier que les modifications apportées en cours de route respectent les exigences du projet. »

 

La gestion des risques

Les deux ingénieurs s’entendent pour dire qu’en construction, les défis sur le terrain sont nombreux et de tout ordre. Il n’est pas rare que des surprises surviennent en cours de route ; qu’il s’agisse de la qualité du sol, de la météo, des matériaux choisis ou de conditions existantes, l’éventail des aléas de la construction est très vaste. « Mettre en place un bon plan de surveillance, comme le décrit le Guide de pratique professionnelle de l’Ordre, per- met de [mieux voir venir] pour pouvoir réagir en conséquence, souligne Patrick Dalpé. Sur un chantier, les risques sont de tout acabit – structuraux, environnementaux, relatifs à la santé et sécurité, etc. –, et tout doit être pris au sérieux dès le départ et en continu. Il faut être en mesure de réévaluer certains aspects du projet pour les actualiser. On doit bien gérer les changements. La surveillante ou le surveillant doit toujours travailler dans un esprit d’analyse de risques pour pouvoir cibler les bons endroits et s’adresser aux personnes susceptibles de régler les problèmes pour qu’il y ait le moins de conséquences négatives possible sur la suite du projet. »

Dans le plan de surveillance, la chaîne de communication se doit d’être claire. « On établit un organigramme du chantier, lequel doit être respecté de tous, note Patrick Dalpé. Les per- sonnes chargées de la surveillance ne sont pas les contremaîtres, mais doivent être capables de soulever les enjeux aux moments opportuns. Ça prend une vision globale et juste des choses. Il faut demander des comptes à l’entrepreneur, faire preuve de proactivité, suivre rigoureusement chaque étape du projet, veiller à la fluidité du processus. Cela exige une bonne coordination. »

 

Patrick Dalpé, ing.

Conseiller sénior à la surveillance de l’exercice et inspecteur

« Mettre en place un bon plan de surveillance, comme le décrit le Guide de pratique professionnelle de l’Ordre, permet de [mieux voir venir] pour pouvoir réagir en conséquence. »

 

 

L’attestation de conformité

Le dossier de surveillance des travaux doit être abondamment documenté. « La surveillante ou le surveillant doit prendre des photos, produire régulièrement des rapports factuels et précis, indique Christian Renault. Il est important de n’attester que ce qu’on a surveillé. Souvent, la surveillante ou le surveillant n’aura pas tout vu ; c’est pourquoi il faut bien préciser sur quoi porte l’attestation de conformité. Des problèmes surviennent parfois par la suite, et lorsque tout est documenté, tout est retraçable. »

L’ingénieure ou l’ingénieur affecté à la surveillance des travaux est un membre à part entière de l’équipe, un véritable allié dans les prises de décisions et dans la réalisation du projet. Dès lors, l’ensemble du chantier pourra se dérouler dans les meilleures conditions possibles. /

 

Prévenir et résoudre les problèmes sur les chantiers

Les ingénieures et les ingénieurs chargés de mandats de surveillance de travaux auront à gérer des problèmes sur les chantiers. De là l’importance d’avoir un mandat clair et complet, doublé d’un plan de surveillance exhaustif. Et une bonne dose de tact ne sera pas de trop !

« La gestion des risques et la résolution de problèmes font partie intégrante du mandat de tout le monde sur le chantier comprend bien son rôle. Sans leur intervention, les risques de non-conformité aux plans et aux devis, aux attentes et aux exigences du client, mais aussi aux nombreuses normes de l’industrie, sont nettement accrus. La construction est un univers complexe où le moindre faux pas peut avoir des répercussions énormes. La performance du projet, sa durabilité, surveillance, souligne l’ingénieur Christian Renault, les coûts inhérents et la santé et la sécurité conseiller sénior à la surveillance de l’exercice et des travailleurs, des travailleuses et du public inspecteur. Le travail des personnes responsables sont autant d’aspects pour lesquels aucun de la surveillance des travaux est facilité lorsque compromis ne doit être fait. »

 

Quelques conseils pour aider à régler les conflits

Les conflits entre les intervenantes et les intervenants sont malheureusement fréquents sur les chantiers.

Bien que les ingénieures surveillantes et les ingénieurs surveillants ne soient pas officiellement désignés pour pratiquer la médiation en cas de conflit, elles et ils doivent pouvoir gérer ces situations afin de bien réaliser leur mandat.

Quelques conseils :

Bien définir les rôles et responsabilités des intervenantes et des intervenants

Un plan de surveillance qui définit bien les rôles et les responsabilités de chaque personne est un outil auquel les surveillantes et surveillants peuvent se référer pour expliquer certaines situations et justifier des décisions qui pourraient être mal interprétées.

Communiquer efficacement

La qualité des communications sur le chantier sert les intérêts de toutes les parties prenantes et favorise les négociations et la gestion des différends qui pourraient survenir. Parmi les clés pour gérer efficacement les conflits, mentionnons l’importance de bien connaître et de communiquer les besoins et les risques, les objectifs de qualité à atteindre et le rôle de chaque personne qui travaille sur le chantier. La mise en place d’un plan de gestion des communications peut soutenir les efforts des ingénieures surveillantes et des ingénieurs surveillants dans leurs relations avec les intervenantes et intervenants.

Agir avec tact et diplomatie

Les surveillants et les surveillantes doivent agir avec calme et professionnalisme, miser sur la proactivité et garder une vigilance de tous les instants afin d’anticiper les problèmes et de gérer la pression sur le chantier. « Au-delà même des compétences professionnelles, les aptitudes relationnelles sont aussi très importantes pour exercer la surveillance des travaux d’un projet de construction, souligne Patrick Dalpé, ing., conseiller sénior à la surveillance de l’exercice et inspecteur. Ce type de compétences compte énormément quand vient l’heure de gérer des problèmes. »

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