24 novembre 2010

Gaz de shale : pour une évaluation environnementale stratégique

Montréal, le 24 novembre 2010 - L'Ordre des ingénieurs du Québec a déposé un mémoire aux audiences du BAPE portant sur le développement durable de l'industrie des gaz de shale au Québec. Ce mémoire contient trois recommandations visant à ce que le BAPE puisse faire une évaluation environnementale exhaustive. Le BAPE doit demander au gouvernement de lui accorder les moyens et le temps pour procéder à une évaluation complète et rigoureuse de la filière des gaz de shale.

« Plutôt qu’un moratoire, l’Ordre propose que les activités d’exploration et de mise au point des méthodes d’extraction soient soumises à un régime spécial d’autorisations émises par le MDDEP. Une proposition inédite et constructive. », déclare Mme Maud Cohen, ing., présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec.
Selon l’Ordre, le débat devrait porter sur l’ensemble de la filière ; les décisions qui en découleront doivent être de nature stratégique. Il s’agit, globalement, de déterminer si l’exploitation des gaz de shale au Québec est soutenable et avantageuse pour les Québécois.
« La disponibilité du gaz naturel à des conditions potentiellement avantageuses change la donne énergétique au Québec et soulève la possibilité d’une utilisation accrue du méthane dans le bilan énergétique du Québec. Dès lors, cet élément majeur doit faire partie du périmètre d’analyse », d’affirmer Mme Cohen.
L’outil le mieux adapté à ce type d’analyse est l’évaluation environnementale stratégique (ÉES), « un processus systématique, formel et exhaustif qui consiste à prendre en compte les considérations environnementales et les conséquences sur l’environnement »(1). L’ÉES est bien implantée et largement utilisée dans beaucoup de pays industrialisés, incluant le Canada. Une ÉES a d’ailleurs été utilisée dans le dossier de mise en valeur des hydrocarbures dans le bassin de l’estuaire et du nord-ouest du golf du Saint-Laurent, sous la supervision du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs du Québec (MDDEP).
« L’ÉES permet d’évaluer les effets cumulatifs et synergiques sur un territoire donné. En l’absence de réponses claires et crédibles sur les effets de l’exploitation des gaz de shale, l’Ordre considère que le principe de précaution (Loi sur le développement durable) doit s’appliquer », ajoute Mme Cohen.
La réalisation d’une ÉES mobilisera d’importantes ressources et aura pour effet de retarder le débat de plusieurs mois. L’Ordre considère que cet investissement de temps et d’argent est nécessaire pour prendre des décisions éclairées sur le développement et les orientations éventuelles de cette filière.
« Les gaz de shale présentent un intérêt certain. Sont-ils pour autant la solution extraordinaire dont certains nous font miroiter les avantages ? Il faut prendre le temps et les moyens pour le savoir. Ne pas le faire, ou agir trop précipitamment, pourrait avoir l’effet inverse et jeter durablement le discrédit sur cette filière. Il faut se donner le temps et les moyens de faire un travail sérieux et approfondi, » de conclure la présidente de l’Ordre.
Cemémoire est accessible sur le site Internet de l’Ordre.

L’Ordre des ingénieurs du Québec
L’Ordre des ingénieurs du Québec célèbre cette année son 90e anniversaire. Fondé en 1920, l’Ordre regroupe 60 000 professionnels du génie de toutes les disciplines, à l’exception du génie forestier.
Mission
L’Ordre des ingénieurs du Québec a comme mission d’assurer la protection du public en contrôlant l’exercice de la profession dans le cadre de lois constitutives de l’Ordre et de mettre la profession au service de l’intérêt du public.
1 Association québécoise pour l’évaluation d’impacts, L’évaluation environnementale stratégique : un outil performant et éprouvé à inclure dans la Stratégie de développement durable au Québec, Mémoire au gouvernement du Québec, décembre 2005.