Gobeil Dion & Associés – Grandir avec sa clientèle
Cet article s’inscrit dans la collection « Parcours entreprise ».
Par Pascale Guéricolas / Photos : Israel Valencia et Didier Bicep
Il faut parfois emprunter des chemins de traverse avant de voir certaines histoires de collaboration professionnelle aboutir. Le lien qui lie Guillaume Proulx-Gobeil et Louis-Martin Dion, tous deux ingénieurs et diplômés de l’Université McGill en génie des bioressources, a mis quelques années à se resserrer avant de donner naissance au cabinet-conseil qui porte leurs deux noms, une entreprise née en 2014 de la volonté du père de Guillaume, Jean Gobeil.
Départ sur les chapeaux de roue
Au début des années 2010, Jean Gobeil, ingénieur forestier, s’intéresse au chauffage des serres maraîchères à la biomasse pour les Serres Lefort, un client installé en Montérégie. Louis-Martin Dion réalise avec lui des études de faisabilité pour mettre en place des systèmes de chauffage à la biomasse. Au fil du temps, le duo apprend à se connaître et développe une complicité professionnelle. Pendant ce temps Guillaume Proulx-Gobeil travaille comme jeune ingénieur avec ce même producteur. Lorsque les projets de construction ralentissent aux Serres Lefort, Jean Gobeil propose, à 59 ans, de démarrer un cabinet de génie-conseil avec son fils et son jeune collaborateur.
Menant une carrière à son compte depuis plusieurs décennies, Jean Gobeil considère ce nouveau projet comme une façon de transmettre son expérience à la jeune garde. Dans les premiers temps du cabinet, il assume l’aspect administratif et le développement de l’entreprise, tout en participant aux divers projets. Il se donne sept ans pour passer la main à ses associés en leur vendant ses actions. «Finalement, il nous a soutenus pendant huit ans, témoigne son fils Guillaume. Avant de me joindre au cabinet-conseil, j’ai travaillé pour les Serres Lefort qui fournissaient principalement des plants aux maraîchers. J’y ai acquis de solides connaissances en gestion de projet et de chantier dans le milieu agricole, puisque j’ai participé à l’agrandissement et à la construction de plusieurs serres.»
Une équipe multidisciplinaire
Fort des expériences différentes du trio d’origine, le jeune cabinet-conseil profite à ses débuts de l’engouement pour le marché du cannabis au Québec. Les projets se bousculent, souvent propulsés par des gens qui ne viennent pas du monde agricole ; les entreprises ont ainsi besoin de l’appui d’ingénieures et d’ingénieurs qui s’y connaissent en agroenvironnement pour les aider à bâtir des serres, trouver de l’équipement et les meilleures solutions énergétiques. Si, au début, la conversion de systèmes de chauffage à la biomasse représente 75 % des activités du cabinet-conseil pour 25 % de projets de serres, la tendance s’inverse rapidement, et le personnel de Gobeil Dion & Associés se diversifie. Des ingénieurs de diverses disciplines (génies civil, mécanique, électrique et industriel) rejoignent le trio de départ pour composer aujourd’hui une équipe d’une quinzaine de personnes.
«Nous permettons à nos clients de se concentrer sur leur production, pendant que nous prenons en main leur projet de développement, un peu à la manière de copilotes, illustre Guillaume Proulx-Gobeil. Au fil du temps, nous avons établi des relations avec des fournisseurs aux Pays-Bas et en Ontario, des régions où les serres occupent une place importante dans le secteur agricole, et aussi avec des fournisseurs québécois dans ce domaine. Ainsi, notre clientèle tire le meilleur parti de notre expertise et de notre neutralité.»
Une diversification rapide des activités
Propulsés par la vague de production de cannabis, les trois cofondateurs prennent soin cependant de ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier. Ils offrent aussi leurs services à des grandes entreprises de maraîchage en serre, comme le Groupe Savoura et les Serres Demers qui produisent tous deux des tomates, de même qu’à de plus petits producteurs. Ce marché les sert bien depuis la pandémie étant donné l’intérêt grandissant pour l’autonomie alimentaire du Québec.
«À la tomate traditionnelle s’ajoute maintenant la production en serre de concombres, de fraises, de laitues, de poivrons, souligne Guillaume Proulx-Gobeil. C’est très important pour nous de permettre à nos clients de contrôler le coût des projets et de faire le pont avec les agronomes et le volet plus technique.» L’arrivée comme actionnaire de l’ingénieur civil Marc-André Beaudet-Lemaire en 2020 a donné un nouvel élan au secteur de la gestion de projet du cabinet-conseil.
«Lorsque je conseille un une technologie à un producteur, j’ai vraiment l’impression d’apporter une valeur ajoutée. Je me sens beaucoup plus proche de mes clients.»
— Marc-André Beaudet-Lemaire, ing. — Gobeil Dion & Associés
Des serres de plus en plus technologiques
Longtemps à échelle modeste, le monde de la production horticole en serre prend de l’ampleur depuis quelques années. Il devient donc primordial pour les entreprises productrices de bien se faire accompagner dans des projets où elles investissent plusieurs millions de dollars. «Lorsque je conseille une technologie à un producteur, j’ai vraiment l’impression d’apporter une valeur ajoutée, indique Marc-André Beaudet-Lemaire. Je me sens beaucoup plus proche de mes clients que lorsque je travaillais sur des chantiers publics, et je suis en harmonie avec mes valeurs.»
Jean Gobeil s’est retiré l’an dernier des activités de l’entreprise. Il reste disponible pour accompagner les trois jeunes actionnaires, et l’entreprise réfléchit à son avenir dans un exercice de planification stratégique. Le cabinet-conseil, composé d’une équipe de consultants et consultantes en bonne partie trentenaires, se sent prêt à répondre aux besoins du marché à un moment où les innovations technologiques se multiplient, que l’on pense aux fermes verticales, à l’utilisation d’énergies propres ou à la robotisation des cultures et des récoltes. Gobeil Dion & Associés entend bien devenir un incontournable pour les acteurs du milieu désireux de réaliser leurs projets.