L’Ordre se mobilise pour intégrer les personnes formées à l’étranger
Cet article s’inscrit dans la collection « Professionnelles et professionnels formés à l’étranger (PFÉ) ».
Par Pascale Guéricolas
Mieux reconnaître les études faites à l’étranger
Sans surprise, une majorité des personnes qui aspirent au statut de candidate ou candidat à la profession d’ingénieur (CPI) formées ailleurs qu’au Québec viennent de France. En effet, l’arrangement de reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles, en vigueur depuis 15 ans, facilite les équivalences pour plus de 560 diplômes d’écoles reconnues par l’Ordre dans ce pays. Une fois leur diplôme accepté, il ne reste plus aux PFÉ qu’à démontrer leurs compétences sur une période d’au moins 24 mois pour obtenir leur permis. Certains candidats et certaines candidates disposent cependant déjà d’acquis professionnels leur permettant d’exercer le génie selon les règles de l’art canadiennes, ce qui peut réduire ce délai.
Autre entente facilitant l’intégration rapide de PFÉ : l’Accord de Washington, qui concerne des candidates et candidats venus de 21 pays comme la Chine, le Japon, l’Australie et le Royaume-Uni. D’autre part, les formations dispensées dans plusieurs pays du Maghreb, comme l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, sont assez proches de ce qu’on enseigne au Québec. Il manque souvent seulement aux candidates et candidats des études complémentaires comme l’éthique et la déontologie, le développement durable ou la santé et sécurité.
Valider l’expérience professionnelle
Chacune des 800 à 1 000 demandes reçues chaque année fait bien entendu l’objet d’une analyse attentive. L’Ordre étudie généralement ces dossiers dans un délai de 8 à 10 semaines et informe ensuite les personnes concernées si elles ont une équivalence partielle ou totale. « Depuis 2018, nous prenons en compte non seulement la formation universitaire, mais également les profils professionnels, souligne Kalina Bacher-René, directrice à l’accès à la profession. Cette valorisation de l’expérience professionnelle dans l’évaluation du dossier d’admission permet à la fois de mieux protéger le public et de faciliter l’intégration de ces candidats et candidates dans la profession d’ingénieur. » Des initiatives mises en place depuis les dernières années aident par ailleurs les gens qui ont de la difficulté à réunir tous les documents exigés pour entreprendre leurs démarches d’admission à l’Ordre en raison de circonstances particulières (notamment des candidates ou candidats diplômés venant de pays en guerre).
Simplifier le processus d’admission
Lorsque le Comité d’admission à l’exercice octroie une équivalence partielle à la candidate ou au candidat, il lui prescrit certaines activités de formation. Elle ou il peut alors suivre des cours à l’université pour combler ses lacunes de formation, ou encore passer des examens de l’Ordre, ou suivre une formation équivalente.
« Le délai d’obtention de cette équivalence a été beau coup réduit depuis les mesures prises en 2018; il est de 6 à 8 mois aujourd’hui, mentionne la directrice de l’accès à la profession. L’expérience professionnelle fait partie de l’évaluation pour que nous ayons une vision plus globale du parcours de chaque individu. »
Parmi les nombreuses mesures visant à faciliter l’intégration, des professionnelles et professionnels formés à l’étranger figurent les séances d’information. La présence de l’Ordre dans les Salons ou Journées de l’emploi et de l’immigration ou encore la nouvelle version de la Boussole. Cette plateforme d’orientation sera accessible en ligne d’ici la fin de l’année. Grâce à cette initiative, les candidates et candidats seront mieux orientés vers les prochaines étapes de leur processus d’admission et pourront obtenir un aperçu des coûts probables de leurs démarches. D’autre part, dans les deux prochaines années, tous les processus d’admission seront automatisés afin de rendre l’admission plus fluide et plus rapide afin de leur procurer une meilleure expérience client.
Élargir les ententes-cadres
Conscient de l’importance qu’occupe aujourd’hui la mobilité internationale, l’Ordre multiplie également les discussions avec le ministère des Relations internationales et de la Francophonie, ainsi qu’avec le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec afin d’établir des ententes-cadres avec certains pays. L’objectif est d’obtenir des accords de reconnaissance mutuelle facilitant l’intégration des PFÉ à la profession d’ingénieur au Québec. « Nous souhaitons pouvoir bientôt délivrer des permis restrictifs permanents pour des ingénieures et ingénieurs ayant une expertise pointue dans leur domaine, précise Kalina Bacher-René. De cette façon, ces professionnelles et professionnels pourraient intégrer rapidement l’Ordre et exercer l’ingénierie dans leur domaine d’expertise seulement. »